Dimanche 4 juin : la désillusion
Tout juste qualifié pour le second tour du tournoi, c’est avec excitation que l’effectif margelien aborde cette avant-dernière journée amsterdamoise. Le premier match étant programmé à midi, le départ de l’hôtel se fera à 10 h. En dix petites minutes, nous rejoignions l’arrêt de bus devant lequel quelques petits malins s’amusaient à jongler avec un ballon malgré les mises en garde de Yocco et de Steffane. Et ce qui devait arriver arriva. Pour sauver un ballon qui traversait la piste cyclable, Clément ouvrait le deuxième chapitre de ses aventures bataves en percutant une cycliste qui passait par là ! Plus de peur que de mal pour notre explorateur : il s’en sortait avec seulement quelques douleurs aux pectoraux. Quant à la cycliste néerlandaise, tout le monde avait l’air de s’en foutre… elle pouvait crever tranquillement sur la chaussée !
Après les 40 minutes en bus et les 10 minutes de marche habituelles, nous arrivons les premiers au complexe sportif vers 11 h. Alors que les trois poules de ce dimanche devaient être composées de quatre équipes chacune, la nôtre en comptait finalement cinq : SC Case, AS Amphora, FC Thury sous Clermont, FC Servon et nous. En fait, les organisateurs, qui avaient qualifié par erreur l’équipe du FC Servon, avaient reversé les Franciliens dans notre poule sans que nous puissions jouer contre eux, contrairement à nos autres adversaires. Ce qui provoquait aussi une iniquité au niveau du calendrier où certaines équipes avaient trois fois plus de temps de récupérations que la nôtre entre chaque journée. Je sais… et blablabla… et blablabla… et blablabla ! Enfin, bref, l’objectif était de terminer premier de notre poule ou meilleur deuxième pour participer aux demi-finales.
La première journée de cette seconde phase nous opposait à l’AS Amphora, une équipe venue de Peypin. Les malentendus de la veille étant oubliés et la qualification en poche, Steffane reprenait tout naturellement en main l’équipe. Daniel menait l’échauffement sans que le onze de départ ne soit connu. À quelques minutes du coup d’envoi prévu pour 12 h, Steffane dévoilait enfin son équipe : c’était la même que celle du troisième match de la veille sauf que Kévin avait cédé sa place à Yocco qui se positionnait en meneur de jeu derrière Spi. Notre gardien JS espérait que Daniel gagne le toss pour ne pas être gêné par le soleil comme la veille contre les Belges mais, malheureusement, ce ne fut pas le cas.
Pour ne pas connaître la même entame poussive que la veille, nos joueurs avaient décidé de mettre de l’impact dans les duels. Certains comme Témou se trompait d’adversaire quand, à la réception d’un long ballon, il me percutait violemment. Je perdais alors un morceau de mon oreille tel Holyfield mordu par Tyson en 1997, les experts pugilistiques comprendront la référence. Pour en revenir au match, les peypinois monopolisaient stérilement le cuir et chacune de nos récupérations se transformaient en occasion. Après que Spi, idéalement placé, se soit mal emmené le ballon et que Kévin ait manqué de peu le cadre, nous allons ouvrir le score. Sur un corner tiré par Spi au second poteau, je reprenaisde la tête le ballon que je catapultais au fond des filets (1-0). Lorsque je fêtais mon but, Daniel et Spi couraient vers moi avec une drôle d’allure, on aurait dit des homosexuels ; je ne vois pas très bien qui ils voulaient imiter. D’autres attribuaient mon but à mon escapade nocturne de la veille durant laquelle la perte de mon liquide séminal m’aurait rendu plus léger et donc permis de m’élever plus haut que tout le monde pour marquer ce but… En voilà une drôle de déduction !
Peu après, sur un nouveau corner repris de la tête, Daniel devenait le meilleur buteur de notre équipe en marquant son deuxième but du tournoi, croyait-on ! C’était sans compter sur l’arbitre qui refusait ce but alors que le ballon avait bien franchi la ligne comme l’aurait confirmé la goal ligne technology. Tant pis pour nous et tant pis pour notre Portugais qui aurait mieux fait de marquer avec sa bite comme la veille, son but aurait sans doute été validé…
Ensuite, sur un corner adverse, le téméraire JS décidait de sortir à nouveau de sa cage pour intercepter le ballon en criant son fameux « J’AI » ! Même s’il réussit à éloigner le danger en effleurant le ballon, une douce voix arméno-lusitanienne s’élevait alors pour demander à JS de ne plus sortir, ce qui ne fit pas plaisir à notre portier. Peu après, Kévin réussira à nous mettre à l’abri grâce à une puissante frappe qui finit sa course au fond des filets après avoir heurté la barre et un défenseur (2-0). La messe était dite tant Margeray était solide autour de sa charnière Bellon-Baldacchino. Comme je n’avais pas encore parlé de Bruno dans mon résumé, je profite de l’occasion pour m’envoyer quelques fleurs…
Après deux jours de compétition, Steffane venait de remporter sa première victoire dans ce tournoi. Le fameux hymne à la gloire de notre coach chanté un jour plus tôt « Quand Schramm n’est pas là, on gagne les matchs ! » n’était donc plus d’actualité. Mince, je viens de donner la réponse au jeu du pendu !
Malgré cette victoire initiale, des tensions apparaissaient avant le deuxième match. Tout d’abord, une guerre arméno-arménienne éclatait entre Daniel et JS qui en « avait marre de ces petits cons ». L’armistice fut rapidement signé entre les deux belligérants. C’est ensuite Yocco qui y allait de son désaccord. N’ayant que 25 minutes avant d’enchainer sur notre deuxième match, nous attendons désespérément notre coach pour avoir la compo et ainsi aller nous échauffer. Mais où était Steff ? Parti remplir nos gourdes aux vestiaires, Steffane n’était toujours pas à nos côtés à quelques minutes du coup d’envoi puisque, sur son trajet, il s’était arrêté tous les dix mètres pour brancher quelqu’un. Et quand il était enfin présent, Steffane ne nous donnait pas le onze de départ et nous demandait d’aller nous échauffer. D’où le mécontentement de Yoco qui voulait logiquement connaître les joueurs qui allaient démarrer le match avant son échauffement. Non sans quelques hésitations sur son onze de départ, Alan s’exécuta et nous pouvions alors débuter notre second match face au FC Thury sous Clermont dont les joueurs ne sont pas des Parisiens mais bien des Oisiens !
Revanchards après leur défaite initiale face au SC Case, les Oisiens entamaient la rencontre en nous acculant sur notre but. Leur numéro 7, très rapide, représentait leur principal danger. Il déboulait une première fois côté droit et je me retrouvais par terre après avoir effectué un tacle dans le vide. Sur la même action, je me relevais et me retrouvais encore face à ce joueur, et une fois de plus, j’étais tombé par terre comme une merde !!! Ce numéro 7 allait vite se calmer grâce à Romain qui, tout en finesse, le traitait de « pédé de Parisien »… Mais Romain, nos adversaires sont originaires de l’Oise et non de Paris, voyons ! Par ailleurs, un nombre incalculable de corners s’abattaient sur nos buts. L’un d’entre eux avait été provoqué par Clément l’explorateur qui écrivait ainsi le troisième épisode de ses aventures amsterdamoises. Il avait contré un centre avec ses parties génitales et s’était écroulé de douleur. Évidemment, avec des couilles pleines, ça fait encore plus mal. Au lieu de se contenter de suivre l’Arabe, le Maltais et le black dans le quartier rouge, il aurait dû consommer lui aussi. Sans Clément qui était sorti, Margeray pliait mais ne rompaient pas grâce à la solidité de sa charnière Bellon-Baldacchino. Il me semble l’avoir déjà dit, ça ! Non ? Bon, tant pis, je laisse…
Après ces débuts délicats, nous allons prendre le dessus sur nos adversaires en nous procurant de nombreuses occasions. Yocco voyait sa frappe déviée sur le poteau par le gardien et Spi manquait le cadre à deux reprises par précipitation. Jérôme, qui avait joué la première phase de poule avec l’équipe vétéran du FC Chartreux, faisait son entrée. Auteur de courses intéressantes, notre assermenté de la police municipale avait la balle de match au bout de son crâne mais sa tête fuyait le cadre. Malgré cette occasion manquée, Jéjé aura laissé une très belle impression à nos jeunes, ces derniers ne l’ayant pas souvent vu balle au pied. Fort heureusement pour lui et… pour nous !
Le plus marquant dans ce match était l’attitude de l’homme en noir. Il est vrai que, jusque-là, l’arbitrage n’était pas d’un haut niveau mais là, il devenait folklorique et nous allions bien en profiter. Sébastien fut le premier à se frictionner avec un adversaire qui avait osé le bousculer : notre vétéran donnait alors le ton d’un match qui allait se durcir et montrait la voie à ses coéquipiers qui n’en demandaient pas tant ! La rencontre ressemblait à un jeu de quilles dans lequel les margeliens faisaient tomber leurs adversaires directes les uns après les autres à coups de tacles et autres o-soto-garis sans que l’arbitre ne bouge. N’est-ce pas Morgan, Daniel et Bruno !
Par la suite, le ballon du match était quillé dans les buissons situés derrière nos buts. Alors que le jeu se poursuivait, l’arbitre essayait d’arrêter les cyclistes pour qu’ils retrouvent le ballon. Sur une action, la balle sort en 6 mètres pour nos adversaires. Tous les joueurs cherchent l’arbitre qui sort des buissons et qui, sans avoir vu cette phase de jeu, désigne le point de corner en notre faveur. Très fair-play, nous avons tiré le corner, évidemment ! Sympathy for the Devil !
Cette seconde rencontre se clôt sur un score vierge qui nous laisse des regrets. Notre dernier match de poule s’avèrera donc décisif. Un nul ne suffira pas pour nous qualifier, il faudra gagner. Un gros morceau nous attendait : l’équipe marseillaise du SC Case !!! Super, nous avons parcouru plus de 1200 km pour se voir opposer à des équipes provençales dans un tournoi international où 38 équipes françaises étaient présentes. Nos adversaires avaient attendu 1 h 30 après leur premier match alors que nous venions d’enchainer deux matchs de 25 minutes depuis 1 h 30, vive l’équité sportive ! Je sais… et blablabla… et blablabla… et blablabla !!!
Pour bien récupérer, Témou s’étirait certes mais dans des positions qui relevaient plus du kamasutra que d’un véritable catalogue de kiné. Lors de ses assouplissements, notre vétéran devrait se méfier en jetant un coup d’œil autour de lui, sait-on jamais ! Le match, qui démarrait à 14 h, était plutôt fermé avec peu d’occasions de part et d’autre. JS avait seulement détourné d’une main ferme une frappe venue du premier poteau. On se dirigeait vers un score de parité quand, à 5 minutes de la fin, Romain héritait d’un ballon sur le côté droit de notre défense. Il trébuchait tout seul et un adversaire récupérait le cuir. Si l’arbitre du dernier match avait dirigé cette partie, il aurait sans doute sifflé une faute de Casper le fantôme sur Romain. Il n’en fut évidemment rien et le centre qui suivait était doublement repoussé par Daniel puis par Bruno dans les pieds de Baptiste, le meneur de jeu adverse. Le celte de Case décochait alors une frappe qui se logeait dans la lucarne (0-1). Courageux jusque-là, les joueurs margeliens n’avaient plus la force de revenir au score. Au contraire, dans les arrêts de jeu, ils encaissaient un deuxième but : sur une frappe excentrée, JS restait cloué au sol, comme si le temps s’était arrêté, et laissait passer le ballon qu’un attaquant casiste poussait dans le but vide (0-2). Avec 4 points, Margeray ne finissait pas meilleur second et était sortie du tournoi.
Il était alors 14 h 45 quand le déjeuner était servi. Comme beaucoup d’équipes éliminées quittaient l’enceinte du stade, Steffane nous précisait que, dans certains tournois, les récompenses étaient remises avant la finale. C’est bien ça, on remet le trophée du vainqueur alors que l’on ne sait pas qui a gagné le tournoi !!! Avec Steff, il faut prendre un peu de ce qu’il dit et jeter le reste… mais, même dans ce qu’il reste, il faut tout jeter !!!
Le SC Case remportera le tournoi devant les Belges du CS Nechin et les Franciliens de l’AS Chatou. Rassurez-vous, leurs récompenses leur ont bien été données après la finale… La plupart des margeliens étaient retournés à l’hôtel pour prendre leur douche et dormir un peu avant de sortir.
Vers 20 h, j’étais déjà dans les bras de Morphée. Pour les moins cultivés, Morphée n’est pas le nom de la péripatéticienne de mon samedi soir mais celui de la déesse grecque des rêves prophétiques. J’entendis alors un bruit. Je me retournai et j’aperçus un des sept nains, Grincheux, qui pénétrait dans ma chambre en essayant de ne pas faire de bruit. Raté ! Il était suivi de près par Atchoum, Joyeux et Simplet qui devaient rentrer du boulot et qui venait chercher le prof dormeur pour aller manger avec eux. Il s’agissait en fait de Spi, Kévin, Daniel et Morgan qui me réveillaient en cassant tout dans la chambre, ces enfoirés ! Mais qui avait bien pu laisser la porte de notre chambre ouverte ? C’était Alain, ce vier, qui était en train de se doucher.
Je retournais me coucher en remplissant quatre bouteilles d’eau au cas où je serai de nouveau attaqué. Mon présage était le bon : Spi et Daniel revenaient une demi-heure plus tard. Spi était armé d’un verre de bière et moi de mes quatre bouteilles d’eau. Le combat fut intense mais ni Kronenbourg ni Évian n’étaient sortis vainqueur de cet affrontement. Un corps tout mouillé gisait pourtant sur le champ de bataille : il s’agissait de la dépouille de Daniel qui avait assisté au carnage sans pouvoir se défendre…le pauvre ! Pendant ce temps-là, Sabri commençait à brancher une sino-canadienne avec qui il comptait bien conclure avant la fin de la soirée. Il n’aura finalement droit qu’à une pipe taillée entre deux buissons d’une rue adjacente à l’hôtel !
Pour cette dernière nuit à Amsterdam, la plupart des jeunes, accompagnés de Camille, Yocco et Bruno, se rendaient dans une première boîte de nuit où, contrairement à la veille, il y avait quelques femmes dans la file d’attente. Oufff !!! Malheureusement, nos touristes n’avaient pas pu entrer dans la discothèque puisqu’ils n’avaient pas tous leur carte d’identité. Camille et Spi se chargeaient d’aller récupérer les fameux sésames à l’hôtel en tuk-tuk électrique, le pousse-pousse néerlandais. Grincheux, alias Spi, devait être l’un des seuls passagers à être vraiment à l’aise, assis sur l’étroite banquette arrière de cette sorte de moto-taxi !
Une fois les cartes d’identité rapatriées, les margeliens ont pu enfin fêter leur dernier jour amsterdamois comme il se doit. Vers 4 heures du matin, les plus téméraires d’entre eux, Daniel, Spi, Romain et Kévin, se feront même pointer aux portes d’une seconde boîte. Ce groupe ne devra son salut qu’à Daniel qui, grâce à un compatriote portugais, obtiendra l’entrée de ses collègues. Décidément, la diaspora portugaise est présente partout dans le monde… pour le plus grand bonheur de nos fêtards qui passeront finalement une nuit blanche !
Par ailleurs, cela faisait longtemps que les autres devils s’étaient couchés après un bon resto. Dans la chambre 18, les ronflements de Témou avaient rejoint ceux de l’hippopotame et de JS ; il faut croire que cette maladie est contagieuse. Après deux nuits cauchemardesques, je m’étais habitué à cet environnement et j’arrivais enfin à m’endormir, certainement grâce aux chants de Jérôme qui imitait à merveille Cloclo ! Merci l’assermenté !