Samedi 3 juin : une qualification aux forceps
Pour aborder dans les meilleures conditions possibles cette deuxième journée à Amsterdam, les margeliens prenaient d’abord un petit déjeuner copieux à l’hôtel. En buvant son chocolat chaud, Serge regardait sur sa tablette la rediffusion de la série « Plus belle la vie » ! Devant ce spectacle affligeant, Steffane essaya de vendre notre snapchateur fou aux dirigeants de l’équipe marseillaise du SC Case, présents dans le patio de l’hôtel. Même pour 1000 yen, l’équivalent de 8 euros, les responsables marseillais ont refusé la transaction. Pas fous, les gars !
C’est à 10 h 20 et sous une pluie fine que les devils quittaient l’HansBrinker Hôtel pour se rendre au complexe sportif du Roda 23. Comme prévu le trajet dura plus d’une heure mais le plus douloureux fut le prix payé pour un simple aller en bus : 5 € !! Soit 2,50 € pour traverser Amsterdam et 2,50 € supplémentaires pour en sortir et pénétrer dans la ville voisine d’Amstelveen ! En parlant de pénétration, ce tarif fait mal au cul…
À 11 h 25, le crachin avait cessé. Le groupe pouvait alors investir les vestiaires du stade et se préparer à affronter son premier adversaire, le Havre AC, favori annoncé de la poule. Vu le gabarit des joueurs normands, on se doutait bien que nous n’allions pas affronter des joueurs professionnels. C’était en fait l’équipe 3 du club doyen formé par des joueurs amateurs qui évoluaient à un niveau inférieur à la DHR, des divisions que n’a jamais connu Steffane dans toute sa carrière, comme il nous l’a fièrement précisé avant le match… mais, de ça, on s’en foutait un peu !
La rencontre débutait à 12 h 30 et le moins que l’on puisse dire c’est que notre entame de tournoi fut poussive : nous ne nous sommes procurés aucune occasion de but en 25 minutes alors que nos adversaires avaient eu la possibilité d’ouvrir le score à deux reprises. Tout d’abord sur un coup franc détourné de peu à côté par le mur et ensuite, sur une action plein axe qui voyait JS remporter son duel face à l’attaquant havrais… qui lui avait tiré dessus ! Score final : 0-0.
Deux heures plus tard, pour prendre une option sur la qualification, il fallait impérativement battre les Belges du Remy Boys Wijgmaal qui venaient, eux aussi, de concéder un match nul contre les anglais du Deepcut FC (1-1). La préparation de ce match fut longue avec un échauffement classique à base de gammes et une interminable opposition dans la surface de réparation entre les torses nus et le reste du monde. Appliquant une stratégie qu’il avait mise en place deux minutes avant le coup d’envoi du premier match, Steffane décidait de faire tourner l’effectif. Pour cela, il repositionnait Daniel en défense centrale à mes côtés pour que je puisse me reposer et Alain à la pointe de notre attaque pour faire reposer les défenseurs adverses… Face à de faibles mais combatifs joueurs belges, les occasions se multipliaient sans que la réussite ne soit au rendez-vous. Et, comme toujours dans de telles situations, c’est l’équipe dominée qui ouvre le score. Sur un coup franc lointain, JS décidait d’aller capter le ballon hors de ses buts. Sans doute gêné par le soleil, notre portier appréciait mal la trajectoire du ballon qui terminait sa course au fond des filets (0-1). JS avait pourtant prévenu ses coéquipiers en criant « J’AI ». Mais « J’AI » quoi, au fait ? « J’AI… loupé la balle ! » ?« J’AI… pris un but ! » ? « J’AI… ramassé le ballon au fond des filets ! » ? Ce fameux « J’AI » résonne encore dans les plaines bataves où les troupeaux de moutons effectuent leurs transhumances. À ce propos, vu leurs faciès effrayants, les moutons que l’on a rencontrés étaient sans doute issus d’un croisement avec des… rats ! Pour en revenir à nos moutons ou plutôt…pour en revenir à nos rats, nous finissons par perdre ce deuxième match par le plus petit des écarts après avoir manqué de nombreuses occasions sur la deuxième partie de la rencontre.
Après cette défaite, nous n’avions plus notre destin entre nos mains. Non seulement il fallait battre les Anglais du Deepcut FC mais les Belges devaient également perdre par un gros écart face aux Havrais, déjà qualifiés après leur succès lors de la deuxième journée face aux Anglais (3-0). Fort heureusement pour nous, nos amis normands refusaient un arrangement proposé par l’équipe flamande, à savoir un nul qui nous éliminait. Les bonnes relations entretenues par Steffane depuis le début du tournoi avec les joueurs du HAC a dû peser lourd dans leur décision ; il fallait bien que notre coach ou plutôt notre super intendant serve à quelque chose à moment donné !
D’ailleurs, après que je lui ai reproché sa gestion du deuxième match, Steffane fit une « Schramm ». Mais que signifie au juste « faire une Schramm » ? D’après le Petit Larousse Illustré, cette expression a deux significations selon le contexte. Première définition : « sur un terrain de foot, faire une Schramm signifie simuler une faute de façon grossière en criant, en se jetant par terre et en roulant sur le sol sur au moins dix mètres. Seconde définition : « en dehors d’un terrain de foot, faire une Schramm signifie bouder et arrêter de coacher son équipe après avoir été critiqué ».
Vous l’avez compris, pour ce match décisif contre les Anglais, Steffane me laissera assumer mes paroles et prendre la responsabilité de gérer le groupe. Le onze de départ subissait alors quelques modifications : dans un 4-2-3-1, Romain débutera latéral gauche, Serge jouera milieu offensif gauche alors que Spi se repositionnera en neuf et demi. Mis à part la charnière centrale, les vétérans débuteront sur le banc. Certains d’entre eux rentreront en cours de jeu, les autres donneront de la voix pour encourager leurs coéquipiers durant tout le match. À quelques minutes du début de la rencontre, les margeliens étaient d’ailleurs très remontés à l’image d’un Morgan qui haranguait ses partenaires : « On va les ruinter ! On va les crever ! On va les niquer… ces roosbifs ! », en se référant au fameux Michel des Collègues. Morgan sera loin des débats pour ce match décisif puisqu’il officiera en tant qu’arbitre assistant ; c’est à ce poste-là qu’il est le meilleur…
À 16 h 30, la rencontre démarrait et notre entame fut parfaite. Romain centrait au second poteau pour Sabri qui atomisait le gardien de but grâce à une magistrale reprise de volée (1-0). Peu après, notre passeur décisif se permettait un crime de lèse-majesté en disant à nos adversaires qu’ils n’étaient que des « players of rugby » dans un anglais très approximatif. Romain se révèlera être un bon petit chambreur durant ce tournoi ! Nous maitrisons alors le match sans pour autant faire le break. Alors que le HAC enfilait les buts contre Remy Boys Wijgmaal sur le terrain d’à côté, notre arrière garde se faisait surprendre sur un long ballon. Leur rapide attaquant se présentait devant JS qui détournait sa frappe sur un autre joueur anglais qui fut poussé de façon illicite par Sébastien, revenu défendre. L’arbitre désignait justement le point de pénalty et le tir au but fut transformé (1-1). Il restait 8 minutes à jouer et Margeray était éliminée. Spi, qui allait faire la remise en jeu, était pourtant convaincu que nous allions gagner : il était sûr de sa force ou plutôt de notre force. À trois minutes de la fin du match, nous héritons d’un corner tiré au second poteau. Le centre lobait tout le monde et le ballon percutait la bite de Daniel, tout surpris par la trajectoire du ballon. Le cuir allait mourir derrière la ligne de but et Daniel venait de marquer grâce à… son zgeg (2-1) ! Il se mit alors à courir vers le poteau de corner pour fêter son but et moi, j’essayais de le suivre dans ma course caractéristique pour le féliciter. Sur le banc de touche, Yocco, visiblement sous pression, pétait un cable : « Oh, les gars, ils sont bidons ! Qu’est-ce que vous faites ? Vous faites n’importe quoi !!! ». Du calme Yocco, on vient juste de marquer le but de la qualification… enfin, c’est plutôt la bite de Daniel qui venait de nous donner la qualification. Comme il n’arrive plus à marquer de la tête, Babi marque de la bite maintenant ; vous allez me dire, ça revient au même !
L’arbitre siffle la fin du match. Notre victoire, combinée à la large défaite des Belges (0-4), nous ouvre les portes du second tour qui aura lieu le lendemain grâce à une différence de but favorable. Un premier chant margelien est alors entonné sur le terrain pour honorer notre qualification. Alors que Steffane était resté se doucher au stade, le reste de la troupe prenait le bus pour retourner au centre-ville d’Amsterdam. Et là, pendant 40 minutes, dans une chaleur étouffante (« chauffeur, mets la clim ! »), dix-sept devils enflammaient le bus avec la complicité d’un chauffeur très coopératif qui relançait chacun de nos chants. Vous me direz, un chauffeur, par définition, c’est quelqu’un qui chauffe !!! Tout d’abord, chaque personne qui entrait dans le bus avait droit à une ola. Parmi eux, on pouvait reconnaître des passagers célèbres : Sakaï, Rashford, Martial, Collina et même le cousin de Témou ! Ensuite, quand une charmante hollandaise passait devant le bus et que sa robe se levait à la faveur d’une brise passagère, les margeliens soufflaient comme un seul homme de l’intérieur du bus pour essayer d’apercevoir les dessous de la jolie passante, en vain ! Sur le trajet, Spi s’était mué en capo pour faire entonner à son groupe tous les chants olympiens entendus au stade Vélodrome. L’un d’entre eux remportait un grand succès. Pour compléter ce chant, je vous propose de jouer au pendu : « Quand S _ _ _ _ _m n’est pas là, on gagne les matchs ! Quand S _ _ _ _ _m n’est pas là, on gagne les matchs ! Quand S _ _ _ _ _m n’est pas là, quand S _ _ _ _ _m n’est pas là, quand S _ _ _ _ _m n’est pas là, on gagne les matchs ! Oh ! Oh ! Oh ! ». Bon, je sais, la réponse est facile.
Enfin arrivé à destination vers 18 h 30, il fallait trouver un restaurant pour regarder la finale de la Ligue des Champions Juve-Real. Qui s’en chargerait ? Témou et Jérôme ? Non, je déconne ! C’est Sabri, Daniel et moi qui réservons une table dans un pub près de l’hôtel pour 20 h. Après avoir pris une bonne douche, nous nous retrouvons au pub mais notre table était occupée, la patronne ayant oublié d’informer son employé de notre réservation ! Décidément, les restaurants d’Amsterdam ne nous réussissent vraiment pas. Trois groupes se forment alors : les vieux se rendaient dans un restaurant à tapas, une partie des jeunes avait trouvé un autre pub et le dernier groupe prenait place dans un kebab où le serveur était le frère de Nicolas Coutton et où la retransmission du match avait un retard de 5 minutes sur les bars voisins. Il n’y avait donc aucun suspense sur chaque but : on avait entendu les cris de joie des supporters juventino ou madrilènes 5 minutes avant de voir un but à la télé !!!Le Real a finalement terrassé la Juventus (4-1), à la plus grande joie de Daniel, fan du Portugais Ronaldo, et au plus grand désarroi de Spi, grand détracteur de Zidane !
À la fin de ce match, les vieux se couchaient assez tôt après une journée trop fatigante pour eux. Les jeunes,Spi, Daniel, Kévin, Clément et Romain, accompagnés de Bruno, se rendaient dans une discothèque du centre-ville d’Amsterdam. Dans la file d’attente de cette boîte, il n’y avait pratiquement que des hommes dont certains se mettaient allègrement les mains aux fesses ! Sans doute effrayé par ces agissements, Clément avait disparu : il avait pris un taxi en direction du quartier rouge où il se rendait pour la troisième fois en deux jours ! Avant de rentrer dans ce club, le reste de la troupe remarquait la présence d’un physio en talons aiguilles vêtu d’une robe. Voilà une deuxième rencontre en deux jours avec un travelo mais, cette fois, le travesti n’avait pas montré ses attributs sexuels ; l’absence de notre beau-gosse Morgan y est sans doute pour quelque chose. Enfin entrés, les margeliens découvraient des toilettes mixtes et des consommations que l’on ne pouvait payer qu’à l’aide d’une carte bleue.
Après une longue nuit, la bande rentrait à l’hôtel dans un taxi conduit par un chauffeur turc. Alors que l’Arménien Daniel inondait logiquement la voiture ennemie de crachats, Kévin faisait répéter en boucle au chauffeur « Nique ma mère ». Arrivés à destination, les jeunes s’arrêtaient manger au Mc Do. Alors qu’un employé appelait le menu « number thirty » en secouant le ticket de caisse du bout de ses doigts, Kévin, qui avait réagi en imitant l’employé, manifestait sa joie avant de retirer sa commande « number thirty ». L’assistance avait aimé la réaction de l’Harry Kane margelien, l’agent de sécurité un peu moins : peu enclin à la plaisanterie, il virait immédiatement Kévin du Mc Do !!!!
Une fois arrivés à l’hôtel et avant de pénétrer dans leur chambre, nos jeunes étaient accostés par une personne originaire de l’Estaque qui leur demandait : « Vous venez d’où de Marseille ? ». Réponse toute lusitanienne de Daniel : « Eh beh de… Marseille ! ». Le bruit occasionné par cette conversation de haute volée fit sortir de ses gonds un touriste anglais qui criait : « You are in a fucking hôtel ! ». Ce dernier cherchait péniblement la poignée de la chambre des jeunes pour pousser la porte qui était pourtant déjà entrouverte… Spi se chargeait juste de refermer la porte au nez et à la barbe de l’Anglais.
Pendant ce temps-là, trois margeliens s’étaient rendus au quartier rouge pour se payer les services des prostituées locales. L’identité de nos trois joueurs ne sera évidemment pas dévoilée ici pour d’évidentes raisons de confidentialité. Il y avait toutefois un Arabe, qui nique tout ce qui bouge, un Maltais, qui avait besoin de se vider les couilles depuis fort longtemps, et un black, qui était en manque d’affection. Notre trio fut rejoint par Clément qui, je rassure ses proches, restera sage durant tout son séjour amsterdamois… enfin, je crois ! Alors, que font un Arabe, un Maltais et un black quand ils se rendent dans le quartier rouge ? C’est simple : l’Arabe nique une pute, le Maltais nique une autre pute et le black nique… le Maltais, qui lui a payé une pute !!! En fait, le Maltais s’en fout de s’être fait niquer par le black puisqu’il n’est pas à 50€ près !!!
Voilà, tout le monde est rentré à l’hôtel et, personnellement, je m’apprête à vivre une nouvelle nuit en enfer dans le zoo de la chambre 18. L’hippopotame, qui ronflait toujours aussi fort, a été rejoint par un autre mammifère qui ne ronfle que lorsqu’il est fatigué. Cette espèce en voie de disparition s’appelle le JS et, malheureusement pour moi, ce soir-là, le JS était très fatigué ! Résultat : « J’AI… les oreilles qui sifflent ! », « J’AI… dormi une heure dans la nuit de samedi à dimanche ! » et « J’en AI plein les couilles des ronfleurs ! ». Bon, pour le dernier « J’AI », ça ne fonctionne pas mais j’avais trop envie de me plaindre et puis, sur ce « J’en AI », je n’aurai pas à payer de royalties à JS. C’est déjà ça de gagner même si je ne suis pas à 50€ près… Mince, je viens de dévoiler l’identité du Maltais !!!