Vendredi 2 juin : une première journée amsterdamoise homérique
Quinze ans après le dernier voyage margelien à Lloret de Mar, dix-huit joueurs du club prenaient la direction d’Amsterdam ce vendredi 2 juin 2017. Sébastien et Yocco étaient les seuls rescapés du déplacement catalan ; ce qui ne rajeunit pas nos deux vétérans.
Le rendez-vous avait été donné à 5 h 30 à l’aéroport de Marignane. Le covoiturage a bien fonctionné comme en atteste la surprenante ponctualité de tous les voyageurs. Seul Serge Aurier a failli mettre en retard ses accompagnateurs en leur donnant rendez-vous à la porte d’Aix. Il les attendait pourtant chez lui 600 mètres plus loin, place Marceau, sans même être joignable puisque la ligne de son portable était coupée. En Côte d’Ivoire, ils ne doivent avoir ni le GPS ni de forfait mobile Free à 2 €. Ce qui est plus plausible, c’est que Serge n’a pas 2 € sur lui !
À l’aéroport, des casquettes noires et rouges à l’effigie de Marseille étaient distribuées par Steffane qui avait dû les acheter 0,20 € pièce au marché de Noailles. Certains d’entre nous essaieront de les jeter à la poubelle, en vain, et d’autres les donneront à un guide hollandais à Amsterdam, au plus grand désarroi de notre coach. N’est-ce pas, Spi !
Après les vérifications des bagages, le groupe passait sans difficulté le contrôle des cartes d’identité. Clément et Romain pouvaient souffler, ils découvriront bien Amsterdam. Dans la file d’attente, on pouvait remarquer la présence de deux membres de la famille de Serge, sans doute venus le saluer une dernière fois avant son départ !
Dans l’avion, une équipe vétéran venue de Martigues, la Team Rafale, était également du voyage pour disputer un autre tournoi en terre hollandaise. Vêtus d’un tee-shirt rose, leurs joueurs recevaient alors une véritable leçon tactique de la part de notre coach. Pour Steffane, c’est simple, la seule tactique, « c’est de marquer un but de plus que son adversaire ». Seul souci, 7 des 8 défaites que notre équipe a concédées en championnat cette saison l’ont été par un seul but d’écart. En fait, Steffane s’est mal exprimé, sa véritable tactique, «c’est de prendre un but de plus que son adversaire» !
Les deux heures de vol sont passées assez rapidement et n’ont été seulement perturbées que par Daniel qui s’amusait à mettre ses deux doigts dans les narines de certains dormeurs pour les réveiller. Espérons que notre Portugais ait fait bon usage de leurs crottes de nez ! En voilà une blague scato dont j’aurais bien pu me passer…
Avant l’atterrissage, Kévin avait pris soin de demander à Serge s’il n’avait pas oublié d’échanger son argent en devise hollandaise : le yen !!! Pris de panique, notre ivoirien provoquait alors l’hilarité des voyageurs dont celle de Kévin, auteur de cette blague. Ce dernier fut pourtant la victime de cette farce trois heures plus tôt dans la voiture de Steffane. Ce n’est pas bien de se moquer, Kévin !
Voilà enfin les margeliens en terre amsterdamoise. Afin de rejoindre l’hôtel, Steffane accostait un employé de l’aéroport chargé de nous guider vers le bon bus. Alors que ce dernier, à qui Spi avait donné sa casquette, demandait à Steff le nombre de personnes qui composaient notre groupe, notre coach eut des problèmes pour traduire 18 en anglais. Il fit alors appel au plus bilingue d’entre nous, Clément. Tout le monde connaissait évidemment la réponse : « eighteen » ! Dorénavant, lorsque Steffane aura des problèmes avec la langue de Shakespeare, il appellera son sauveur : « Clément ! Clément ! Clément ! ».
Nous prenons donc le bus en direction de l’HansBrinker Hôtel. Lors d’un trajet long de 30 minutes, je racontais à Spi quelques blagues portugaises en présence de Daniel. En voici trois des plus savoureuses :
1- Pourquoi les Portugais se laissent-ils pousser la moustache ? Réponse : Pour ressembler à leur mère !
2- Que font les Portugaises avant de chier ? Réponse : Elles pètent pour écarter les poils !
3-Comment reconnaît-on un Portugais riche ? Réponse : Il a une poignée dorée sur son marteau-piqueur !
Vers 11 h 30, la troupe arrive à l’auberge de jeunesse, laisse ses bagages à la consigne et part boire un coup en terrasse pour enfin se restaurer au Mc Donald’s ou au Burger King. Nous découvrons alors les particularités de la ville batave. La circulation semble anarchique mais les nombreux vélos et autres scooters cohabitent remarquablement avec le tramway, les bus et les voitures. Autre spécificité amsterdamoise : les tenues aguichantes des belles hollandaises dont beaucoup d’entre nous tomberont amoureux sans même que les flèches de Cupidon n’aient eu besoin de les atteindre. Amsterdam porte bien-là son surnom de « Venise hollandaise » !
À 13 h, tout le monde peut enfin investir les chambres. Celles des jeunes seront à l’étage et celle des vieux sera située au rez-de-chaussée, au numéro 18 ou plutôt « number eighteen » pour les anglophones, certainement une coïncidence ! Les joueurs viennent alors chercher leur maillot Black Stone blanc dans la fameuse chambre 18 mais, attention, chacun doit récupérer son propre maillot, pas celui d’un coéquipier, selon les strictes consignes de Steffane ! Pourquoi ? Y a-t-il une cérémonie de remise des maillots avec un discours individualisé pour motiver chaque joueur ? Non, non… Un maillot chacun, c’est tout !
Pour occuper le premier après-midi néerlandais, des petits groupes se forment. Certains écumeront les bars et autres coffees shops du centre-ville, d’autres loueront des vélos pour aller en repérage dans le quartier rouge. Parmi nos cyclismes en herbe, Clément a failli être percuté par un tramway qui arrivait en face à lui : c’est le premier épisode des aventures bataves de Clément l’explorateur !
Les vieux, quant à eux, feront une visite guidée d’Amsterdam à bord d’une péniche ; une balade culturelle croyait-on. En fait, en contre-bas sur le canal, nos vétérans passaient le plus clair de leur temps à vérifier si les amsterdamoises portaient bien des culottes ou des strings sous leurs jupes…
De retour à l’hôtel, des parties de contré s’organisaient. Romain perdait la quasi-totalité de ses confrontations. Romain, on le sait, est meilleur aux boules qu’aux cartes… Quoi que non ! Au foot alors ? Non plus… Enfin, bref, pendant ce temps-là, Steffane, JS et moi étions partis repérer les installations du complexe sportif qui accueillera le tournoi le lendemain : il faudra 10 minutes de marche pour rejoindre l’arrêt de bus puis 40 minutes de bus et enfin 10 autres minutes de marche pour rallier les terrains. Afin d’écourter le trajet à pied vers le stade, Steffane cherchait à couper à travers champ mais il glissait et se retrouvait dans un marécage, les jambes enfoncées dans la boue jusqu’au genou : une baleine venait de s’échouer dans le port d’Amsterdam…. Et oui, dans le port d’Amsterdam, il n’y a pas que des marins qui chantent, il y a aussi Steffane !!!
Comme nos trois organisateurs étaient absents, Témou et Jérôme se chargeaient de dénicher un bon restaurant pour le repas du soir. Nos deux compères avaient trouvé la perle rare, un restaurant typiquement italien, pas très loin de notre hôtel, à des tarifs imbattables, en plus ! Ouahhh ! Ça donnait envie !
À 21 h, nous nous rendons à ce restaurant. Sur le trajet, Morgan et Kévin avaient pris le temps de jouer au foot avec… un sein en peluche ! Ils se sont régalés ! Une fois installés à table, notre équipe allait vivre la version néerlandaise de « Cauchemar en cuisine » ! Dommage que Philippe Etchebest n’ait pas fait le déplacement avec nous. Le serveur essayait d’abord de donner la becquée à Yocco en lui introduisant un morceau de pain vinaigré dans sa bouche. Après une attente d’une heure, l’entrecôte de Morgan n’était pas assez cuite et les pâtes, servies trop épicées, étaient vraiment immangeables ! Le serveur engloutit même une pleine assiette de pâtes pour les goûter, sans jamais nous en resservir ! Après que Steffane fut enfin servi, la soirée se terminait de façon chaotique : comme certains d’entre nous étaient partis sans payer, le propriétaire les avait poursuivis dans les rues d’Amsterdam en les insultants de français de merde…
Pendant notre temps d’attente au restaurant, un jeu de pronostic sur nos trois matchs du samedi était organisé par Kévin. Le joueur qui trouverait les trois bons résultats se verrait offert les services d’une prostituée par toute l’équipe. Personne n’aura finalement trouvé les trois scores mais je suis le seul à avoir donné deux bons pronostics sur trois. J’attends toujours le remboursement des deux-tiers de mon investissement réalisé le lendemain au quartier rouge, à savoir 100€ !
Nous nous retrouvons donc tous à l’hôtel pour nous changer les idées. Certains se feront une partie de contré avant de sortir en boîte ou au quartier rouge et d’autres, comme Morgan, se branleront dans leur chambre. Ce n’est pas moi, c’est Spi qui, selon la rumeur, l’aurait vu !!!
Après le repérage en vélo de l’après-midi, Clément, Morgan, Spi, Romain, Daniel et Kévin allaient donc découvrir les charmes nocturnes du quartier rouge. Le souvenir que garderont nos jeunes margeliens de cette escapade relèvera plutôt du folklore local. Devant une des innombrables vitrines longeant les allées du quartier rouge, la beauté naturelle de Morgan attirait l’attention d’un travelo. Comme envoûté par notre latéral gauche, ce travesti s’empressait de lui montrer ses parties génitales ! Le tableau de cette scène devait faire peur à voir et n’avait sans doute pas sa place parmi les œuvres d’art du musée Van Gogh, situé non loin de là. Les jeunes finiront la nuit en buvant un coup dans un bar et certains d’entre eux, pas très sérieux, se coucheront tardivement à 4 h 30 du matin…
Sachant pertinemment que les jeunes ne sortiraient pas indemnes de leur première soirée amsterdamoise, les vieux s’étaient, quant à eux, couchés très tôt pour être en forme le lendemain. En effet, tous les espoirs reposaient sur la vieille garde pour obtenir une qualification en deuxième phase. À l’heure de se coucher, Témou craignait de se retrouver littéralement écrasé par le lit superposé sur lequel dormait Steffane et qui menaçait de céder. De mon côté, j’avais pris mes précautions : j’avais demandé à Alain de dormir sur le lit du bas ! Oufff ! Nous nous endormons paisiblement quand, au bout de dix minutes, je suis réveillé par un bruit qui ressemble aux mugissements d’un hippopotame. Tout nu allongé sur son lit, non seulement cet hippopotame ronflait mais il parlait aussi : « Putain, cette chaleur fait chier ! » disait-il dans son sommeil. Sans qu’il ne m’entende, je lui répondais qu’il n’y avait pas que la chaleur qui faisait chier, il y avait aussi ses ronflements qui m’empêchaient de dormir. Âgé de presque 47 ans, ce vieux mammifère avait largement dépassé l’espérance de vie de son espèce qui est normalement d’une quarantaine d’années : rien que pour ça, il était tout pardonné ! À travers cette métaphore, vous avez bien évidemment reconnu Steffane qui sera le véritable cauchemar de mes nuits amsterdamoises. À 3h 30 du matin, comme il m’était impossible de dormir, je prenais enfin ma bite et mon couteau pour aller dormir dans un autre hôtel…